Cat Svenssen Admin
Messages : 72 Date d'inscription : 10/03/2010 Age : 27 Jukebox : hey jude, the beatles. Pseudo : giulia.
▬ toujours plus ★ Citation: « Le masque tombe, l'homme reste, l'héros s'évanouit. » ★ Emploi: propriétaire d'un cabaret ★ Relation:
| |
Cat Svenssen Admin
Messages : 72 Date d'inscription : 10/03/2010 Age : 27 Jukebox : hey jude, the beatles. Pseudo : giulia.
▬ toujours plus ★ Citation: « Le masque tombe, l'homme reste, l'héros s'évanouit. » ★ Emploi: propriétaire d'un cabaret ★ Relation:
| Sujet: Re: CAT • put my coat on faster Ven 12 Mar - 22:52 | |
| LORA « Regarder est un verbe actif, selon mon Bescherelle. » murmurai-je, sans oser affronter son regard. Ses traits m’étaient pourtant familiers, son nez aquilin aussi. Le visage de ma mère ne cessait de paraître au sein de mon esprit et je ne pus m’en empêcher. Je tapotais le comptoir en vieux chêne, une bière à la main, et attendais silencieusement qu’il me réponde. Qu’il produise un quelconque bruit, un gloussement, un crissement. N’importe quoi. Mais quelque chose qui aurait pu me convaincre de son honnêteté. « Là, c’est passif. Je croyais qu’on était là pour parler. Ton père a tué ma mère, et je ne compte pas te laisser me pourrir dans tout Chicago. » ajoutai-je, furieuse. Mes joues s’empourprèrent violemment et je ne sus quelle attitude adopter. Le bar était vide de gens, vide de Chicagoens. Allait-il se décider à me répondre, je l’ignorais. Il optait ce regard las, traînant ci et là sur les pavés de carrelage qui constituaient le sol. Il aurait pu être beau s’il avait un jour été gentil. Il était silencieux. Absent, même. Je croyais parler seule, à moi-même, parler à mon miroir. Je me levais brusquement, agacée qu’aucune discussion n’ait lieu. Mais sa main se posa sur mon bras et sa peau glacée me fit trembler telle une pierre. « Assieds-toi. Ton père a tué notre mère, d’abord. Nuance. Ensuite, je ne te pourris pas car je te signale que, officiellement, nous sommes demi-frère et demi-sœur. » dit-il calmement. Je me rassis, suivant docilement ses ordres et patientai qu’il reprenne la parole. Son cou se délivra et il sortit un billet de la poche de son vieux jean déchiqueté. Après avoir payé nos parts respectives, il plongea ses mains sous la table en marbre à côté de nous et ferma les yeux. Il semblait en pleine réflexion, chose que je ne voulus pas interrompre, malgré mon besoin d’écourter fortement cette conversation. Conversation qui n’en était même pas une, à ce propos. Il resta tel un roc durant quelques minutes. Je finis par lui adresser un regard noir et empli de sous-entendus et m’échappai. C’était inutile de débattre avec lui, voire même de converser avec lui. Il était silencieux, muet, sourd, et aveugle. Il se tenait comme le plus grand des handicapés, agissait comme tel et ne voulait même pas répondre à mes interrogations. J’aurais voulu l’aider et qu’il m’aide. J’aurais voulu que l’on forme une grande famille, et que l’on abandonne ces petites guerres ridicules. Mais avec lui, c’était impossible. Comment se faisait-il qu’il soit mon frère, alors qu’il ne me ressemble absolument pas ? Nous étions comme deux étrangers, l’un face à l’autre, ne sachant même pas quel langage adopter. Nous étions deux étrangers simplement. | |
|